La transformation numérique crée-t-elle des emplois ou des congédiements ?

Inspiré par les récents congédiements dans l’industrie de la technologie, voici ma tentative de répondre à 5 questions plus proches de notre réalité :
– Que fait la transformation numérique ?
– Pourquoi la transformation numérique échoue-t-elle ?
– Comment la transformation numérique affecte-t-elle les employés ?
– La transformation numérique finit-elle un jour ?
et quelque part là-dedans :
La transformation numérique crée-t-elle des emplois ou des congédiements ?
Nous ne pouvons éviter d’entendre parler de transformation numérique. Tout le monde veut savoir comment discerner les opportunités des menaces et voter judicieusement lors de conversations cruciales qui affecteront clairement les gens au quotidien. « Et si nous arrivions trop tard ? » « Et si c’est un échec ? » « Quand est-ce que nous en aurrons plus besoin ? »
Que fait la transformation numérique ?
La transformation numérique peut être définie comme « équiper les gens de meilleurs outils » autant que « réduire l’effort humain grâce à la technologie numérique ». Cette nuance jette une lumière inconfortable sur les systèmes numériques par rapport aux façons traditionnelles de faire les affaires. Ce que les employés entendent en réalité, c’est : « on va me remplacer », ce qui leur fait craindre pour leur emploi – et avec cause.
Les médias adorent dépeindre l’innovation sous les couleurs de la perturbation négative. Pensez à la prise de contrôle de Twitter par Elon Musk, pensez à Uber ou revenez en arrière et pensez à FORD. Les camions sans conducteur vont secouer le secteur des transports. Des nouvelles de l’intelligence artificielle (IA) qui fait un travail plus efficace que certains dans le secteur de la santé ou l’hôtellerie nous guettent. Dans le manufacturier, les pratiques de fabrication rationalisées ont historiquement été une préoccupation des travailleurs à la chaîne, donnant lieu à des syndicats et à la révolte.
Aristote a prédit cette révolution et l’impact de la robotisation sur le travail, en disant :
« Si chaque instrument pouvait accomplir son propre travail, en obéissant ou en anticipant la volonté des autres, comme les statues de Dédale, ou les trépieds d’Héphaïstos, qui sont entrés de leur propre chef dans l’assemblée des Dieux ; si, de la même manière, la navette tissait et le plectre touchait la lyre sans une main pour les guider, les chefs ouvriers ne voudraient pas de serviteurs, ni les maîtres d’esclaves. »
C’est profonds n’est-ce pas? La question de savoir si la transformation numérique va ou non supprimer des emplois est une question que les leaders d’opinion de cet espace se font poser en privé, mais il n’est pas si difficile d’y répondre.
Pourquoi la transformation numérique échoue-t-elle ?
Certaines personnes adoptent un nouveau logiciel et l’appellent transformation numérique. D’autres trouvent des moyens d’inclure moins de personnes pour une même tâche (comme Elon chez Twitter). Mais ne s’agit-il pas simplement d’un cas classique de « gestion du changement » ou de « développement organisationnel » ?
Comment la transformation numérique affecte-t-elle les employés ?
Lorsque nous trouvons des moyens de faire le même travail plus rapidement avec moins d’éfforts, et que nous permettons aux gens de faire un travail différent ou d’être déplacés vers des tâches de plus grande valeur, alors, la transformation numérique devient synonyme de succès, de bonheur. Elle crée même de nouveaux emplois.
Mais lorsque les modèles d’affaires des entreprises ne parviennent pas à s’adapter lorsque leur secteur est touché par des processus numérisés, des opérations technologiques améliorées ou un accès plus facile à l’information, c’est alors qu’on sous-estime la transformation numérique qui devient le méchant (Uber vs Taxi, Streaming vs CD, AirBnB vs Hôtels).
Alors, la transformation numérique crée-t-elle des emplois ou des congédiements ?
La réponse est simple : « Oui ». Laissez-moi vous expliquer.
FORD n’avait pas l’intention de supprimer des emplois dans l’industrie du cheval, ni de créer des emplois dans l’assurance automobile en ligne, dans la fabrication de pneus ou la mécanique. Lorsque votre objectif de transformation numérique consiste à congédier pour faire des économies, vous manquez de perspicacité.
La transformation numérique, tout comme le développement organisationnel, engendre des déplacements d’emplois.
Il nous appartient, en tant que dirigeants, d’appliquer une gestion efficace du changement, de préparer la main-d’œuvre et de planifier l’avenir de manière stratégique.
Nous avons travaillé avec une société minière. Elle craignait que ses inspecteurs principaux ne résistent ou ne démissionnent une fois que nous aurions remplacé leurs routines se reposant sur des processus papier par des formulaires numériques sur un appareil mobile. Une fois que la nouvelle se serait répandue, la culture de l’entreprise serait gravement affectée. Ce serait un gaspillage d’argent, une interruption de leur productivité, une augmentation des taux de désabonnement et une atteinte à notre réputation aussi. Ces seniors influents sont donc devenus des bêta-testeurs, et ils n’ont jamais regardé en arrière.
Ils n’avaient plus à transcrire leur travail dans leur logiciel (ce que nous aimons appeler la fausse transformation numérique), à corriger une écriture illisible, à refaire des inspections perdues, à enquêter sur les erreurs de placement et la liste continue. Ils pouvaient désormais prévenir davantage de problèmes de sécurité, prévoir les calendriers de maintenance et même aller plus loin dans les détails avec une documentation plus complète. Désormais, tout le monde voulaient ce qu’ils ont mangé au déjeuner.
Se contenter de faire des changements pour faire des changements et économiser de l’argent manque d’humanité. Créez une vision dans le cadre de votre transformation numérique. Améliorez la formation, permettez le développement personnel, donnez plus de responsabilités. Les personnes qui ne peuvent toujours pas s’adapter auront besoin de votre aide. Ils doivent avoir des compétences transférables que vous pouvez facilement identifier avec une série de tests psychométriques (pourquoi pas numériques ?). Peut-être ont-ils des passions productives comme la création de contenu ou le renforcement de vos initiatives RH. Attention, ces personnes deviendront les ambassadeurs de vos actions, pour le meilleur ou pour le pire.
La transformation numérique s’arrête-t-elle un jour ?
J’argumente que la transformation numérique a commencé lorsque nous avons décidé de compter. Donc non. Sauf si vous imaginez un futur utopique où nous, les humains, avons oublié ce qu’était le travail, dans le bon sens du terme. Où nous ne nous souviendrons plus de la façon dont les gens appuyaient sur des boutons de clavier, rechargeaient leurs appareils et mettaient à jour un tas de symboles appelés code, tandis que l’IA se chargeait de tout notre travail derrière les rideaux. Non. Même lorsque l’économie et la productivité ne seront plus mariées et que l’efficacité ne sera plus louée, les systèmes de données, comme nos systèmes organiques invisibles, se transformeront. D’ici là, ne nous contentons pas de montrer du doigt les employeurs, et trouvons tous des moyens d’améliorer notre travail quotidien et d’anticiper le changement qui a toujours été inévitable.